dimanche 12 octobre 2014

Mardi 24 mars 2009 : Genève – cimetière de Saint-Blaise.

Dans les rues de Genève, en SUISSE, avec sac à dos et chaussures de randonnée, j’ai un peu l’impression de faire tache parmi les costumes-cravates des grandes avenues…
C’est à Carouge, séparée de Genève par l’Arve, que commence le GR 65, sentier de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Dès le Moyen Age, de nombreux pèlerins, qui empruntaient l’un des quatre itinéraires principaux traversant la France, arrivaient de points d’Europe beaucoup plus orientaux ou septentrionaux. Pour les pèlerins venant de Suisse et d’Allemagne, la route débutant à Genève fait partie de ces itinéraires rattachés à une voie principale (la « via podiensis » à partir du Puy). On lui a donné un nom traditionnel la rattachant à l’histoire du pèlerinage, à savoir la « via gebennensis », du nom de son point de départ, Genève.
A 9h, je débute ma randonnée sur la place de l’Octroi à Carouge, dans cette ville à l’urbanisme post-médiéval. Elle fut construite au XVIIIe siècle par le roi de Sardaigne, duc de Savoie. Elle a toujours constitué un dérivatif à l’austérité calviniste genevoise.
Je traverse la ville aux tramways colorés.
Le sentier est balisé avec des panonceaux jaunes helvétiques ainsi que des coquilles stylisées jaunes sur fond bleu (balisage européen des sentiers de Saint-Jacques).
Je franchis la Drixe au cœur d’un vallon boisé. Les bruits de la ville s’éloignent. C’est le printemps : pétasites hybrides et corydales creuses sont en fleur sur la lisière.
Bien vite, je retrouve l’agglomération. Au Saconnex-d’Arve, le sentier entre dans la campagne du canton de Genève. A Compesières, je fais une brève halte à l’église Saint-Sylvestre, ancienne commanderie de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem (devenu plus tard l’Ordre de Malte). A Bardonnex, au hameau de Charrot, un coffre en libre-service permet de s’enregistrer au premier point de passage du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, par l’apposition d’un tampon jacquaire sur sa « credencial ». C’est une carte d’accréditation délivrée au pèlerin qui a pour but de lui reconnaître le statut de pèlerin (et ce faisant, d’accéder aux refuges en France et en Espagne), de lui permettre d’obtenir, à son arrivée à Santiago, la « Compostela », attestant de son pèlerinage.
Le sentier parcourt un paysage de vieux arbres au tronc ventru, susceptibles d’accueillir la chouette chevêche. Jadis abondante, la chouette chevêche a presque complètement disparu de Suisse. Elle fait l'objet d'importants efforts de protection depuis plus de 15 ans. La survie de l'espèce passe par la conservation de son habitat et de sa tranquillité, notamment la conservation des vieux arbres à cavités.

Traversant quelques vignes, j’atteins la frontière. Une barrière matérialise le passage. Franchissant la route nationale N206, j’entre en FRANCE (département de Haute-Savoie).
Bienvenue sur le GR 65, dit un panneau qui annonce que St-Jacques-de-Compostelle est à 1854 km.
Le marquage blanc et rouge traditionnel des GR prend le relais, jumelé avec le balisage européen de la coquille de Saint-Jacques.
Franchissant la voie ferrée puis l’autoroute A40, le sentier se dirige au sud. Beau panorama sur les sommets enneigés du Jura.
J’arrive à Neydens. Au milieu du carrefour, le monument aux morts est une ancienne borne milliaire romaine sur la voie d’Annecy à Genève, sur laquelle se greffera plus tard la Route du Sel. Des primevères acaules fleurissent sur les bas-côtés, l’hellébore fétide est déjà bien en pousse. A la Forge, je fais une halte dans un bistro-alimentation pour boire une bière et faire des achats.
Le sentier va maintenant prendre de la hauteur, quittant la plaine genevoise pour se diriger vers les flancs préalpins du massif du Salève.
Sous forêt, je m’arrête pour casser la croûte, assis sur un rocher. En contrebas, un âne dans un enclos… Le temps est instable. Le soleil printanier laisse la place à de lourds nuages noirs.
A Beaumont, une giboulée de neige aussi soudaine que brève blanchit le paysage. Lorsque j’atteins la sortie du village, le soleil réapparaît.
L’itinéraire pénètre dans le domaine privé de la chartreuse de Pomier (780 m). Dans le magnifique bois de fayards (hêtres), le balisage est constitué de véritables coquilles Saint-Jacques.

L’ancienne chartreuse a été fondée en 1170. Les moines en furent chassés pendant la Révolution, et les bâtiments abandonnés. Il ne reste de la chartreuse que le bâtiment principal et les corps de ferme.

Le GR 65 se poursuit au pied du Salève et atteint le cimetière de Saint-Blaise (875 m).
Jonction avec le GR Balcon du Léman.
C’est ici que m’attend Viviane, à 15h, dans notre fourgon Boxer aménagé en camping-car.


Nous roulons ensuite jusqu’à Annemasse où nous retrouvons Jean-Lionel. Nous faisons des courses ensemble et rentrons à Chevranges dans la soirée.

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