dimanche 12 octobre 2014

Jeudi 20 septembre 2012 : Estella – Los Arcos.

Je traverse Estella pour rejoindre la sortie ouest de la ville et entrer dans le village d’Ayegui. Un chemin bétonné, puis de gravillons, remonte vers le monastère d’Irache. Le sentier de Compostelle passe opportunément entre le monastère et les bodegas (caves) de cette région tapissée de vignobles. Pour perpétuer la tradition d’aide aux pèlerins, les bodegas ont installé, sur le côté d’un mur collé au chemin, une « fuente de vino » (fontaine à vin). Deux robinets en forme de coquilles Saint-Jacques, l’un pour l’eau, l’autre pour le vin !




Comme tous les randonneurs, je fais halte à la fontaine (devinez pour quel robinet). A leur demande je prends deux randonneurs en photo. Echange de bons procédés : ils font la même chose pour moi. 

                                               

Naturellement, le débit est très faible. On ne va pas en remplir un jerrican ! En tout cas, pas désagréable, le pèlerinage ! De quoi repartir tout gaillard vers Compostelle. Un peu plus loin, une pancarte indique encore « GR 65, Los Arcos 17km ». Le sentier bute sur la N111, la traverse. Il pénètre dans une forêt de chênes verts, se poursuit de crêtes en vallons, parfois très raviné.
Après Azqueta, j’approche de Villamayor de Monjardín qui dispose aussi d’une fontaine. Mais celle-ci ne distribue que de l’eau fraîche ! C’est une citerne gothique à l’ouverture sculptée. Un berger y garde ses moutons avec son chien. Lorsque le troupeau commence à s’éparpiller, il siffle et aussitôt le chien se lance à la poursuite des bêtes, les rattrape et les remet en bon ordre… Après le village, le chemin descend parmi les vignes, atteint une piste bordée de peupliers. Viviane arrive à ma rencontre…

L’après-midi, le parcours s’enfonce dans l’immensité. C’est la fin des sierras pré-pyrénéennes. On approche de la vallée de l’Ebre. Les marcheurs avancent dans un décor vide de champs de blés labourés, sans ombre, sous un soleil implacable.



Casquette saharienne indispensable ! Dans les quelques vignobles qui donnent une touche verte au paysage, commencent les premières vendanges (à la machine). Sur la piste, un tracteur me double, qui transporte un randonneur. A l’orée d’une pinède, je retrouve celui-ci, mal en point. Il va me suivre de loin, en boitant fortement, épuisé.
La piste monte parmi des champs d’oliviers. Sur un point haut, le village est en vue.
Après 12 km sans le moindre hameau, j’entre dans Los Arcos, comme dans une oasis. C’est de nos jours l’étape logique des pèlerins venant d’Estella, 21 km avant, ce qui empêche Los Arcos de tomber dans la torpeur. Je traverse la ville jusqu’à la plaza de Santa Maria que domine l’église de l’Assomption. Je visite l’église qui extérieurement mélange les styles, du roman au plateresque. A l’intérieur, c’est une profusion de sculptures et de bois dorés avec un énorme retable et une monumentale descente de croix.
La place est pleine de marcheurs attablés aux terrasses des cafés. Je passe sous la vaste porte qui conduit à l’extérieur des fortifications et je franchis le pont sur le río Odrón. C’est là que je retrouve Viviane.

A 17h30, nous nous arrêtons, avec son accord, sur la propriété d’un paysan au bord du sentier, à la sortie ouest de l’agglomération. A la nuit, je retourne sur la place centrale : encore beaucoup de monde sur les terrasses, profitant de la douceur ambiante. L’auberge des pèlerins, dans la lumière crue des néons, semble assez spartiate, avec un dortoir de plus de trente lits.

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