Le sentier de Saint-Jacques-de-Compostelle
pénètre au Puy-en-Velay. Il longe
des jardins le long de la Borne ,
rejoint le pont Tordu, passe au pied du rocher Saint-Michel-d’Aiguilhe : un
énorme piton rocheux sur lequel est perchée une chapelle romane accessible par
un escalier taillé dans le roc.
Passant par la place Saint-Clair ,
la montée Gouteyron ,
la porte de l’Hostellerie, la ruelle couverte du Grasmanent et la rue de la Manécanterie , le
sentier débouche sur la place du For, à l’arrière de la cathédrale où je
m’introduis.
Inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, la
cathédrale est de style roman auvergnat, mâtiné des influences de l’Orient et
de l’Espagne mauresque. Bâtie sur la roche escarpée du mont Anis, elle fut
agrandie et s’étendit au-dessus du vide sur de robustes piliers. C’est ce qui
explique l’immense porche avec ses trois hautes arcades.
Selon le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, rédigé vers
1140, « il y a quatre chemins qui conduisent à Saint-Jacques ». Avec la
voie d’Arles, de Vézelay et de Tours, Le Puy-en-Velay est le point de départ de
l’un d’entre eux. C’est la « via podiensis ». En 950, l’évêque du
Puy, Godescalk, se lança dans l’aventure et inaugura lui-même cet itinéraire
spirituel à la tête du premier
pèlerinage français vers le tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur. Puis ce fut
le grand engouement populaire de l’Occident chrétien pour
Saint-Jacques-de-Compostelle. En récompense, le pèlerin se voyait remis d’une
partie de ses péchés.
Dans la cathédrale, le point de
départ du pèlerinage avait lieu au pied d’une statue de l’apôtre. Au passage,
les marcheurs de Dieu ne manquaient pas d’implorer la Vierge noire.
Comme les pèlerins du Moyen Age,
je sors de la cathédrale par le grand escalier sous le porche et je découvre la
ville du Puy. J’imagine l’émotion des pèlerins du XIIe siècle qui
descendaient ces marches monumentales devant l’immensité du chemin à parcourir
jusqu’à la lointaine
Galice.
Pour s’engager sur le grand
chemin, les pèlerins, au sortir de la cathédrale, suivaient la rue des Tables,
gagnaient la place du Plot, puis par la rue Saint-Jacques
s’engageaient dans le faubourg du même nom. C’est exactement le même parcours
qu’emprunte le GR 65.
La rue des Tables
Passant devant une statue en bois
d’un pèlerin de Saint Jacques, le sentier monte par une route revêtue jusque
sur le plateau dominant la ville, puis il s’éloigne par un large chemin
caillouteux.
Statue en bois d’un pèlerin de Saint Jacques
Il passe à gauche du Croustet, un
petit cône volcanique de type strombolien déjà érodé qui est formé de
projections de scories exploitées sous le nom de pouzzolanes.
Les monts du Velay ou du Devès séparent la Loire de l'Allier. Ces
montagnes consistent en une longue échine basaltique qui culmine à 1423 m au Devès. C’est le plus vaste plateau basaltique
de France, constellé de quelque cent cinquante volcans qui sont venus marquer
le paysage de leurs scories noires et rougeâtres. Vaste planèze herbeuse au
sol rougeâtre, les monts du Velay sont
la terre d’élection de la lentille verte.
Je retrouve Viviane à une
intersection.
L’après-midi, après La Roche , j’emprunte un chemin
en corniche qui domine le ravin de la Gazelle.
Des blocs cristallins
jonchent la prairie, avec un petit air
de causse. Seulement les murets ici ne
sont pas en calcaire… Par la suite, je traverse un petit bois, franchis le
ruisseau de la Roche
et remonte jusqu’à Saint-Christophe-sur-Dolaizon (908 m ). Je peux voir dans le
village les restes d’un four banal où chaque famille venait cuire son pain à
tour de rôle. Je voudrais visiter l’église du XIIe siècle, en brèche
volcanique rougeâtre avec un clocher-arcade ; mais un enterrement m’en
empêche.
Le sentier se poursuit sur le
plateau par des chemins goudronnés, empierrés ou herbeux, s’insinue entre des
murets de pierre. Des brebis noires du Velay, race rustique, broutent l’herbe
des pâturages. A Ramourouscle, près de la maison d’assemblée, une croix est datée de 1631.
Les croix sont particulièrement nombreuses en Haute-Loire, témoins
d’une ferveur et d’une foi ancrées dans les traditions.
Par un chemin goudronné, je passe
à côté de la
chapelle Saint-Roch et j’atteins Montbonnet (1108
m ). Viviane est garée dans le village. Bien placée pour
s’en rendre compte, elle me dit avoir vu passer beaucoup de randonneurs. Nous
cherchons un gîte ou un camping pour la nuit. Le gîte d’étape local est déjà bondé et ne
propose pas de camping, contrairement à ce qui est noté dans le topoguide.
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