Il fait nuit lorsque les premiers
marcheurs arrivent au col à la lueur de leur lampe frontale. A 7h33, un soleil
rougeoyant embrase l’horizon. Impressionnant ! Une minute plus tard, le
paysage a complètement changé.
Je démarre à 8h30. Parcours dans
un paysage de montagne où paissent les troupeaux.
Je double le pèlerin nettoyeur que j’avais aperçu hier.
Les hameaux de Galice fleurent bon les étables. A Biduedo (1200 m ), plein de marcheurs
sont arrêtés à un bar dont les tables débordent sur la chaussée. Je bois une
« caña » de bière au milieu de la troupe. Une pèlerine espagnole
s’est déchaussée car elle a une ampoule qui la fait souffrir. Un Néerlandais a
la même idée que moi : lui fournir un pansement spécial pour ce cas,
fréquent sur le sentier.
La minuscule chapelle San Pedro
semble bien être la plus petite église du Camino. Maintenant, l’itinéraire va
peu à peu perdre de l’altitude. Après Filloval, la descente s’accentue. Par un
superbe chemin creux sous une châtaigneraie, je débouche à Triacastela, sur une petite
place ombragée de châtaigniers. Citée par
Aimery Picaud, la ville comptait trois châteaux dont il ne subsiste rien.
Le bourg est niché au cœur d’une
vallée.
Impossible de retrouver ou de
joindre Viviane. Or, à la sortie du
bourg, deux itinéraires s’offrent au choix. Où peut-elle m’attendre ? Mon
portable ne passe pas ; la cabine téléphonique que je ne sais pas faire
fonctionner me bouffe mon dernier euro ; un aubergiste refuse de me
laisser téléphoner. Finalement, c’est par hasard, en arpentant la rue
principale, que j’aperçois le Ducato, garé dans une rue parallèle. Je me fais
engueuler par Viviane, car il est très tard. Elle s’inquiétait, ne pouvant me
joindre. « Ton portable, il est une fois de plus éteint ! ».
J’ai beau expliquer que…
Finalement, on va manger dans le
fourgon sur une place en plein soleil.
Deux itinéraires s’offrent à
moi : le premier, plus intéressant, offre peu de possibilités à Viviane de
me rejoindre avec le fourgon. Le second est surtout prévu pour les cyclistes
qui trouveront du goudron à volonté ; mais un nouveau balisage mis au
point ces dernières années permet aux marcheurs de s’évader hors du bitume. Je
vais choisir la deuxième solution.
Et de fait, après quelques kilomètres de bitume, le
sentier bifurque vers San Cristobal de Real, un village niché au creux d’un
vallon, en bordure d’un ruisseau, avec une splendide architecture rurale.
Au cours du chemin, je retrouve
Anne et Jacques en train de prendre un bain de pied dans le cours d’eau. J’enlève
mes chaussures de marche et je les rejoins. Bien agréable et rafraîchissant, ma
foi !
Nous poursuivons le chemin
ensemble. Le nouveau balisage nous entraîne à travers de petits villages
typiques. A Lastres, sous la pancarte d’entrée, un panneau original interdit de
déféquer !
Et il y en a encore pendant toute
la traversée du village. On peut supposer que les habitants en ont marre de
subir les nuisances des pèlerins de passage.
A 16h, nous débouchons au-dessus
de Samos avec une vue sur le
monastère San Julián, une abbaye bénédictine dont la taille écrase les
habitations.
Au Moyen Age, les pèlerins y
trouvaient le gîte. La tradition se perpétue de nos jours. A 16h30, nous sommes
au centre du village. Les Bretons cherchent un hébergement, mais on nous
indique que l’abbaye est fermée pour cause de travaux.
Ils trouveront tout de même une
auberge privée pour la nuit.
Quant à
nous, après un coup de téléphone passé par Viviane (en espagnol !) pour
vérifier qu’il soit ouvert, nous roulons jusqu’au camping de Sarria.
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