Aire-sur-l’Adour est une très ancienne cité, romaine puis
wisigothe. Elle fut la résidence d’Alaric II, roi des Wisigoths au Ve
siècle. Je traverse le quartier sur la rive gauche de l’Adour, et je m’arrête
pour visiter la
cathédrale. A découvrir, l'orgue du XVIIIe, les
stalles et boiserie du cœur et le maître autel. Sur la colline, je cherche à visiter l’église Sainte-Quitterie,
inscrite au patrimoine de l’humanité. Elle est fermée.
C’est un long parcours pour
quitter la ville par la
colline. Ici commence le Tursan, une région de cultures. En
une agréable promenade sous forêt, le GR 65 longe le lac du Brousseau où
s’ébattent des grèbes huppés, puis il franchit le ruisseau du Brousseau à
la riche ripisylve sous laquelle se faufilent trois poules d’eau juvéniles. Mais
les Landes, ce sont aussi les élevages de canards, et de vachettes. Les
producteurs de foie gras sont légion.
Après les ouvrages de
l’autoroute, le sentier gagne une zone remembrée au parcours monotone,
horizontal et rectiligne. Je croise un randonneur attelé à une petite carriole
où flotte le drapeau portugais, suivi de sa femme qui semble mal en point. J’emprunte
plein sud le chemin de Saint-Pé, jusqu’à ce que je retrouve Viviane dans un
rare recoin ombragé. Derrière le Boxer, deux randonneuses sont installées pour
le pique-nique. Viviane leur a prêté nos tables de camping. Par la suite, on
leur offre le café. L’une d’entre elles semble souffrir des pieds.
L’itinéraire se poursuit plein
sud mais bientôt bifurque à l’est vers les collines, franchit une passerelle
sur le Bahus et grimpe jusqu’à Miramont-Sensacq, un village érigé en bastide.
L'église perchée avec son
clocher-pignon offre un vaste panorama sur le Tursan et les Pyrénées,
mais la brume ne me permet pas de les apercevoir. A l’intérieur, un chemin de
croix qui comporte 15 stations au lieu des 14 habituelles. Ce sont les deux
randonneuses qui font une pause en face de l’église qui me le font
remarquer ! J’apprends par un message qu’elles ont laissé sur un cahier
qu’elles viennent de Nouvelle-Calédonie.
J’effectue le reste du trajet sur
une petite route qui descend par les collines. En cours de route, une nouvelle
ardoise indique l’adresse de l’Alchimiste à Navarrenx. En fait, il s’agit du
propriétaire d’un gîte d’étape qui fait sa pub auprès des pèlerins !
Je débouche sur la charmante église de Sensacq, isolée en pleine
campagne.
De style roman, avec un
clocher-mur gascon triangulaire, elle possède à l’intérieur des fonds
baptismaux par immersion. Viviane est stationnée à côté de l’église. Nous décidons
de rester sur place pour la soirée et la nuit. Les insectes tourbillonnent dans les rayons
du soleil couchant qui baigne les murs d’une douce luminosité.
Un faucon crécerelle chasse de son vol caractéristique du
Saint-Esprit, comme suspendu à un fil, et soudain plonge dans la prairie. Un pinson ramage
sur la plus haute tombe du cimetière. A la tombée de la nuit, lors de ma
promenade habituelle, résonne le raire d’un chevreuil qui broutait sur la
lisière…
Très belle lumière de ces photos... Et comme un glissement progressif de ton - du documentaire à une approche plus philosophique où monte un symbolique émanant de cyprès kilométrique ou sombres ripisylves. Voyage d'un siècle à l'autre, comme flottant en étrange atemporalité. Pratiques landaises évoquées qui font resurgir l'image de ce toro vénéré de Camargue - "lou sanglier", enterré debout à l'entrée du village du Cailar -"lou biou es mort"... Coelho ? L'Alchimiste ? Llul? Archétypes de psychanalyse jungienne chers à Tallagrand et à certains autres plasticiens ou poètes contemporains... ou de l'âge d'or du surréalisme ? Ecriture dense aux raires en lisières... A lire et relire...
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