A Roncevaux, se termine le GR 65. A partir d’Ostabat, prenant
la relève de la « via podiensis », le chemin de Saint-Jacques (Camino
de Santiago) est appelé le chemin navarrais (Camino navarro) jusqu’à
Puente-la-Reina.
En Espagne le balisage blanc et rouge des GR existe toujours, mais la
coquille stylisée jaune sur fond bleu du Conseil de l’Europe est beaucoup plus
visible et plus fréquente, de même que les flèches jaunes apposées sur toutes
formes de support.
Parcours dans la Navarre pyrénéenne. Je quitte
Roncevaux à 9h30 sur une piste qui suit parallèlement sous forêt la route
nationale 135 jusqu’à Burguete : village navarrais d’une parfaite unité
architecturale avec de belles façades blasonnées. Par une passerelle en bois
sur le ruisseau Suringua, l’itinéraire se prolonge par une piste bitumée. Il
franchit une barrière canadienne, devient pierreux et se poursuit à travers
landes et bosquets. Sur la lisière, les baies rouges du sorbier des oiseleurs et de la viorne obier, les fleurs jaunes des ajoncs embellissent le chemin de
leurs notes colorées. Après un point haut, la piste amorce sa descente vers
Espinal. Le chemin se dirige alors vers le puerto
de Espinal, un col routier où passe la
N 135. Une stèle trilingue (basque, espagnol, français)
rappelle aux pèlerins de ne pas oublier les prières à la Vierge … C’est là que je
retrouve Viviane, garée au bord de la route. Depuis le fourgon, tout en mangeant, nous
observons les randonneurs : deux jeunes chinoises, notamment, couvertes de
la tête aux pieds, malgré la
chaleur. C ’est sûr, comme cela, elles n’auront pas l’air de
paysannes (une hantise de citadines) !
Je reprends mon chemin qui va
longer de près ou de loin la N 135,
sous forêt, dans la rocaille et les souches puis sous un tunnel de verdure. Je
traverse ainsi Viscarret (superbes fermes navarraises) puis Lintzoáin. A cette
heure-ci, le village est mort. Seul un bistro associatif a l’air un peu vivant,
ce qui me permet de boire une bière basque, avant d’entamer une montée dans la
rocaille jusqu’à une hauteur à 860
m . Odeurs de buis dans la forêt, et parterres de
colchiques… Sur le parcours, une sobre stèle en l’honneur d’un pèlerin japonais
tombé sur le chemin en 2002 : tout autour, pommes de pins, fleurs,
branches de buis et objets hétéroclites déposés par les marcheurs rendent un
hommage muet à sa mémoire…
Après un replat, le chemin
descend vers le puerto de Erro (810 m ) où je retrouve la N 135. Il est 16h30. Viviane et
moi décidons de passer la soirée et la nuit sur place au col, légèrement
camouflés en retrait de la
route. Belle soirée ensoleillée.
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