Après La Portela , le sentier de
St-Jacques quitte la N 6
pour emprunter une petite route qui mène à Ambasmetas puis Ruitelán (630 m ). Le routard de
Rabanal, attablé à une table de bistro, est en grande conversation avec des
marcheurs. Il ne me reconnaît pas. Par un pont sur le río Valcarce, le chemin
pénètre dans Las Herrerías entre de vieilles habitations avec balcons à gauche
et des prairies à droite. Le paysage est bucolique : herbe verte, belles
vaches à la robe fauve. On trouve dans le village un loueur de chevaux pour
monter vers la Galice. Et
de fait, un petit groupe est en train de se préparer. Leurs bagages suivront en
voiture. On rencontre également des taxis ou même des bus qui transportent les
bagages des pèlerins jusqu’à la prochaine étape.
Les cavaliers me doublent
bientôt. L’itinéraire s’attaque maintenant à une longue ascension de la Cordillère
Cantabrique. Le parcours renvoie par sa ressemblance, sa
dureté et sa beauté à la montée vers Roncevaux.
La route grimpe raide à flanc de
montagne ; bientôt c’est un sentier herbeux qui prend le relais, puis un vieux
chemin dallé. J’atteins le hameau de La Faba (915 m ) qui, bien qu’en
Castille, exhibe déjà les éléments de l’architecture galicienne. Je fais une
halte dans un bar pour boire une bière. Sur les tables à l’extérieur, tout un
groupe de Français sans sac à dos prend une collation.
Le Camino s’élève à travers la
lande. Je double un pèlerin, muni d’un
sac-poubelle, qui s’est donné comme tâche de nettoyer le chemin jusqu’à
Saint-Jacques…
Sur un replat, une borne signale
qu’il reste 152,5 km
jusqu’à Santiago. Ces bornes jalonneront le parcours jusqu’au terme du chemin,
à raison d’une tous les 500
mètres . Quelques centaines de mètres plus loin, une
autre borne annonce l’entrée dans la communauté autonome de Galice.
Malheureusement, elle est pleine de graffitis de pèlerins qui croient
indispensable de laisser partout une trace de leur passage.
Encore une petite montée qui
aboutit à un village minuscule mais très emblématique du chemin de St-Jacques, O Cebreiro (1300 m ), qui s’accroche sur
la ligne de crête entre Castille et Galice. Je suis interpellé par Viviane
(sifflé, devrais-je dire), stationnée devant l’église. Le parking est bourré de
voitures, alors que ce matin lorsque Viviane est arrivée il n’y avait pas un
chat. La raison en est une cérémonie
dans l’église bien sûr, car nous sommes dimanche. Nous mangeons à
l’intérieur du camping-car. Après quoi nous parcourons le village.
O Cebreiro, porte d’entrée de la Galice , affiche ses
« pallozas », maisons anciennes circulaires en granite et au toit de
chaume dont l’origine remonte aux premières constructions celtes.
Nous entrons dans l’église Santa Maria la Real. Les pèlerins s’y arrêtaient déjà au IXe
siècle pour prier dans l’église primitive. L’édifice actuel remonte au XIe
siècle et fut témoin du « miracle des saintes Espèces » au XIVe.
Le calice et la patène sont toujours exposés dans un recoin de l’église.
Le village est entièrement voué à
la « culture du pèlerin », plus facile à tondre qu’un mouton, comme
le dit le Guide du Routard. Ce qui énerve particulièrement Anne que nous venons
de retrouver avec Jacques dans l’unique rue dallée du village, où ils mangent.
Je reprends le parcours dans
l’après-midi. Je traverse des forêts de conifères par montées et descentes et
j’atteins Liñares, hameau perché sur une arête dans l’ancien coude d’une route.
De là, je monte au col routier de San Roque. Une statue de pèlerin figé, plié
par l’effort ou le vent contraire, semble convier le pèlerin à poursuivre vers
le but.
Le chemin est bordé de fougères
et d’ajoncs, climat océanique oblige. Il traverse Hospital da Condesa où un
groupe de touristes randonne sans sac à dos. Un minibus les attend en bord de
route pour rapatrier les éclopés ou les épuisés. Quelques courageux continuent
jusqu’au col…
Le Camino rejoint le hameau de
Padornelo au niveau de son église et son cimetière couvert. Bordé de murets,
dans une dernière montée raide, il atteint le col de l’Alto do Poio (1337 m ).
Viviane m’observe en train de
grimper vers le col. A l’auberge des pèlerins, nous demandons l’autorisation
de stationner sur une terrasse herbeuse juste devant. Bientôt arrivent les
Bretons, qui vont loger sur place. Nous prenons un pot ensemble devant
l’auberge.
Le panorama est superbe depuis
notre emplacement : en arrière-plan la Cordillère , au premier
plan le hameau de Padornelo et le sentier qui grimpe vers le col.
Vous cliquez sur le lien, nouvelle page avec moult liens...et ainsi de suite... Histoire, légendes, jeux... Quand la dense explosion de l'hypertextualité donne d'autres dimensions au texte...
RépondreSupprimer