dimanche 12 octobre 2014

Jeudi 19 septembre 2013 : Rabanal del Camino – Molinaseca.

Je quitte notre emplacement à 8h30. Le chemin monte à travers la lande puis rejoint la route qu’il va côtoyer de près ou de loin jusqu’à Foncebadón. Rocailleux et défoncé, il traverse le village en partie ruiné.


Un chemin herbeux longe un muret puis s’élève à flanc de montagne dans des landes de plus en plus austères.


Rejoignant la route, j’atteins un col (1490 m) où s’élève une croix, la Cruz de Ferro, lieu emblématique du Camino.


La pyramide de cailloux est le résultat d’un millénaire de passages. Chaque pèlerin ayant déposé sa pierre a contribué à l’édification de ce monument coiffé d’une croix. On y trouve de tout, des inscriptions sur les cailloux ainsi qu’un fatras d’objets insolites délaissés, tels que des chaussures.

 

   
Paysages grandioses, quasi déserts. La piste coupe et recoupe la chaussée jusqu’au hameau ruiné de Manjarín. L’unique maison à peu près debout est le refuge des pèlerins, tenu par Tomás, « l’hospitalier-templier-marxiste-léniniste-croyant et légèrement fêlé » (dixit Jean-Yves Grégoire, dans le guide du Camino).
   
          

J’y fais une halte en compagnie de deux Français avec lesquels je chemine. Et de fait, c’est un véritable bazar. Le bonhomme est complètement déjanté. Le refuge ne compte ni eau ni électricité, mais il attire les touristes. Nous y côtoyons des randonneurs mais aussi des personnes du troisième âge parvenues en autocar…
Des vaches à la belle robe fauve paissent dans un enclos en contrebas. Ce sont les premières que j’aperçois depuis les Pyrénées.
La piste piétonnière double la route dans certaines portions. Après une zone militaire interdite, le chemin domine un col à une altitude de 1517 m, le point culminant du sentier de Saint-Jacques-de-Compostelle. Puis c’est la descente à travers la lande, sur le versant ouest. Curieusement, beaucoup de marcheurs préfèrent suivre la route.
Le sentier finit en raidillon pour entrer dans El Acebo. Changement de décor : c’est un splendide village montagnard à l’architecture radicalement différente de celle du versant est. Nous descendons dans la vallée du Bierzo. L’ardoise et les grosses pierres de schiste habillent l’habitat, au lieu de la tuile et des murs d’adobe de la Meseta. « La celtitude nous assaille » dit Jean-Yves Grégoire.

                                   

A 13h, nous nous installons, avec Viviane, aux abords d’une friche à la sortie du village.
Nous remarquons une colonne de fumée sombre qui s’échappe d’un massif environnant et qui prend de plus en plus d’ampleur : un incendie de forêt. A 14h45, lorsque je décide de continuer, je suis bloqué à la sortie du village : pompiers et gardes civils interdisent le passage. Bientôt, d’autres marcheurs se retrouvent dans la même situation que moi. Sur ces entrefaites arrive Viviane qui me suivait. Nous avions prévu comme étape de rejoindre Molinaseca, 9 km plus loin. Le Ducato va être bien utile. Nous invitons deux pèlerins français bretons, Anne et Jacques, à profiter du véhicule. Pas possible d’en transporter plus. Les autres devront s’adresser à la municipalité pour qu’elle leur ouvre une salle, car tous les refuges sont complets.

Massif montagneux oblige, nous effectuons en voiture une large boucle de 100 km par Astorga pour rejoindre Molinaseca ! Nous avons tout le temps de faire plus ample connaissance. Anne et Jacques sont partis de Bretagne à la mi-juin. Ils ont laissé leurs ânes à Moissac et parcourent tous deux le sentier jusqu’à Santiago.

Arrivés enfin à Molinaseca, nous accompagnons Anne et Jacques à la recherche d’un hébergement. Nous nous installons sur un parking aux abords du village puis nous retrouvons nos compagnons pour boire un pot en terrasse d’un bar. On observe le ballet incessant des hélicoptères qui treuillent par des câbles des poches d’eau pour tenter d’éteindre l’incendie. Nous parcourons ensemble le village jusqu’au pont des Pèlerins qui marque l’entrée du Camino dans la cité. C’était à l’origine un ouvrage roman qui fut maintes fois remanié en raison des crues dévastatrices. Anne se souvient que lors d’un précédent pèlerinage, il y avait un piano sous le pont. En fait, il ne s’agit actuellement que d’un vulgaire baby-foot !
Nous nous séparons de nos nouveaux amis et rejoignons le parking. Là nous admirons les productions d’un jardinier juste à côté, notamment des oignons impressionnants par leur taille. Lorsqu’il quitte le jardin, Viviane lui propose d’acheter un oignon. Il nous les offre, tout naturellement… 
Nous passons la nuit sur le parking.

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