Grande douceur, ce matin.
Viviane me dépose à 8h30 à la
sortie de Sarria. Par le pont médiéval Aspera qui franchit le río Celeiro, je quitte
la ville. Dans un des premiers hameaux, je suis à nouveau abordé par la jeune
femme en chasse de signatures et d’argent. Elle a changé de lieu, plus discret et… plus
prudent peut-être.
Le sentier va cheminer au cœur de
la Galice. Châtaigniers
et pommiers, choux haut perchés dans les jardins. Forêts profondes, chemins
creux bordés de murets, hameaux jalonnés d’« horreos » (greniers à grains),
Je passe devant la borne des 100 km , pleine de graffitis.
D’ailleurs plus le chemin s’approche du but, plus on trouve d’inscriptions
qui dégueulassent tout, dès qu’un support s’y prête.
Après Morgade, une chapelle au
bord du sentier jouxte une fontaine.
Au hameau de Ferreiros (660 m ), un resto-bar à côté
d’une auberge de pèlerins propose des repas simples. Je m’y attable pour manger
un plat de viande avec des pommes de terre. Pendant ce temps, les pèlerins font
la queue pour faire tamponner leur credencial.
Je reprends ma route pour à
nouveau parcourir la campagne par des chemins bordés de murets, des horreos sur pilotis, des champs ceints de
pierres levées.
Après avoir suivi une crête,
j’aperçois, loin en contrebas, Portomarín. Une petite route très raide descend dans la
vallée du Miño. Etrange spectacle en traversant le pont qui mène à Portomarín : les ruines des piles du
pont médiéval qu’empruntaient les jacquets, et les restes de la ville
engloutie.
En 1962, l’ancienne cité de Portomarín, fondée au XIe
siècle, aurait dû être engloutie par les eaux du Miño après l’édification d’un
barrage hydroélectrique. La ville ancienne a entièrement été rebâtie pierre à
pierre sur la colline surplombant les eaux.
A l’extrémité du pont actuel, je
monte dans la ville haute par un escalier. Les randonneurs se rencontrent partout
dans les rues ou aux terrasses couvertes des cafés (couvertes, car le crachin
est toujours présent).
A la recherche de Viviane, je
redescends vers le plan d’eau. J’aperçois de loin sur l’autre rive le Ducato.
Je franchis une passerelle d’où l’on remarque les vestiges de l’ancien village
englouti.
J’emprunte une piste goudronnée
qui grimpe et se transforme en un chemin forestier. C’est là qu’est garée
Viviane, juste après la dernière maison, à l’entrée de la forêt. Il est un peu
plus de 15h. Nous décidons de passer l’après-midi et la nuit dans la nature à
cet endroit. Nous faisons une petite balade sous forêt puis dans les vignes qui
dominent la colline. Le raisin n’a pas encore été vendangé, et des mûres
subsistent dans les haies. De là-haut, nous profitons d’un beau panorama sur la
vallée du Miño.
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